SDF, Terrassiers, Abdel
précèdent ce récit
Après
Abdel,
Je
suis resté quelque temps avec Abdel, nous trouvions du boulot plutôt
régulièrement dans l'agence d'intérim du premier chantier. Puis il
décida de rejoindre des cousins à Marseille. Cela faisait plus d'un
an que je travaillais et ma vie de SDF me semblait un mauvais
souvenir, loin dans le passé. Abdel partant, il me fallait trouver
un logement et je décidais de repartir en Bretagne ou mon errance
avait commencé. Brest. La succursale de l'agence me trouva un job de
cariste dans un entrepôt du port de commerce. L'ambiance était
assez agréable mais très différente de la région parisienne, ici
les emplois bas de gamme n'étaient pas l'apanage exclusif des
maghrébins mais de jeunes pères de famille qui devaient tirer le
diable par la queue pour ne pas sombrer tous les mois.
J'ai
trouvé un petit studio meublé sous le toit d'une vieille maison,
chez un particulier mais indépendant. Il était dans mes moyens, si
je ne faisais pas trop de folies. C'était vers le Relecq et de ma
fenêtre au sud ouest j'avais une vue sur la rade... un miracle !
Brest
? C'est mon enfance probablement qui m'y avait ramené. J'essayais de
ne pas fréquenter les lieux de ma mère et mon beau-père, sinon de
manière circonspecte. Surtout ne pas les voir et revivre le moment
où ils m'ont jeté dehors en apprenant mon homosexualité.
Je
me sentais bien chez moi. Chez moi !!!! C'était à peu près la
première fois de ma vie. Il y eut un long moment où seul le boulot
m'en éloignait... Le bonheur de vivre là, est une sensation à laquelle
on s'habitue en prenant le temps, et je suis lent, en laissant le
corps se dilater et occuper le moindre espace, le moindre interstice
du lieu qui nous contient. Ce n'est qu'après, très progressivement
qu'on s'ouvre sur l'extérieur.
Je
repense souvent, les yeux mouillés, à ce moment où de désespoir,
au fond, on n'a même plus envie de donner le coup de talon pour
remonter. Cet homme m'a trouvé dans son entrée et recueilli avec
tendresse. J'ai envie de lui montrer qu'il a été la main tendue qui
m'a sorti de l'errance, qui m'a donné la force de changer. Je sais
ou se trouve son immeuble, Je vais acheter une bouteille de champagne
et j'irai vendredi soir après son boulot. Je suis de matinée,
j'aurai le temps.
En
fait je suis intimidé, là en bas de chez lui. Il est rentré il y a
de la lumière dans son appartement. Je suis noué comme si j'allais
passer un examen. J'ai sonné. Il est venu ouvrir. J'ai vu dans son
regard qu'il m'avait reconnu
J'ai
l'air gauche et les mots ne viennent pas, je ne sais que lui tendre
la bouteille de champ.
Ses
mains derrière ma tête, Il m'attire vers lui et m'embrasse comme
s'il m'attendait. Un baiser porteur d'émotion, d'affection comme
celui que, par timidité, nous avions pas échangé lors de mon
départ.
Du
coup c'est moi qui l'ai tiré vers la chambre tout en nous
déshabillant.
Nous
sommes tombés sur le grand lit à moitié dévêtus, mais à moitié
c'était encore assez pour lécher nos peaux et les sentir chaudes et
frémissantes sous nos doigts, sous notre langue. Puis son sexe à
noyé ma bouche et le mien inondé son pubis brun.
Là
nous avons fini de nous déshabiller et nous nous sommes serrés l'un
contre l'autre.
Après
t'avoir quitté, au bas de l'escalier, j'avais décidé que c'était
fini de zoner. Je lui dit ça à voix basse, à l'oreille, et son
étreinte se serre à m'étouffer. Je lui dis les chantiers, le
travail dur et la gentillesse des collègues arabes, le besoin que
j'avais de les sentir en moi, les foyers de travailleurs, ma vie avec
Abdel et son goût pour l'harrissa, le besoin rassurant que j'avais
de les sentir plus vieux que moi, même si souvent, leur situation
était aussi précaire que la mienne.
Son
désir comme le mien était revenu, sa langue sur ma langue, sa main
lubrifiée explorait ma raie et mon trou la voulait en moi. Déjà
avec ses deux doigts qui caressaient ma prostate je gémissais et me
sentais m'ouvrir à lui. Allongé sur le dos je tenais mes chevilles,
cul bien ouvert et je pouvais garder mon regard dans le sien qui ne
se quittait pas. Je sentais sa mains ses doigts jouer dans mon anus
et sa main pliée poussant à l'entrée. Mais il avait des mains
épaisses de travailleur et ce n'était facile de glisser à
l'intérieur. Parfois ma main, guidée par mes sensations aidait la
sienne à s'orienter mais l'articulation du pouce n'est pas aisée à
passer. Enfin, je tenais son poignet et poussais sa main, mon
sphincter s'est un peu relâché, une légère douleur et est arrivé
le moment merveilleux ou sa main a glissé en moi, je n'aurai jamais
les mots justes pour décrire ce moment sublime de communion ou lui
et moi ne faisons qu'un. Ce moment ou mes muscles sollicités
l'instant d'avant se détendent tous et me laissent comme évanoui,
poupée de son désarticulée, marionnette à l'extrémité de son
bras. Ce moment où j'abdique de ma propre volonté pour la lui
offrir, comme mon corps lui est offert. Lentement ses doigts me font
prendre conscience de mes espaces intérieurs mais c'est mon anus
serré sur son poignet qui me donne le plaisir le plus intense. Il se
retire bientôt lentement, main pliée et c'est à ce moment là
qu'une jouissance inconnue m'a submergée, une jouissance étrangère
à ma queue, une jouissance qui a déclenché des ondes de spasmes
tels que je n'en avais jamais connu, des ondes partant de mon anus et
gagnant tout le corps jusqu'au frémissements du visage, des ondes
qui se répétaient puis s'atténuèrent progressivement me laissant
inerte, terrassé par le plaisir, sans que mon sexe flacide n'ai
jamais été concerné.
Il
devait sans doute, souriant, me regarder tressauter sur ses draps. Il
a attendu que mes tremblement aient cessé pour entrer à nouveau sa
main. Il n'a pas eu besoin de pousser, ce qui avait été un peu
malaisé la première fois avait disparu, comme si mon anus vaincu
avait renoncé à toute résistance. Il reprit ses caresses, et sans
doute, trouvant un passage s'aventura un peu plus profond. Je le
sentais à la tension de mon sphincter sur son avant-bras plus large
que le poignet. Lui aussi avait été impressionné par mon orgasme
anal et bientôt je sentis sa main se retirer. Il resta un moment
immobile encore en moi puis sorti délicatement. Bien que plus modéré
que la première fois l'orgasme à nouveau m'anéantissait. Avant la
fin des spasmes il prit ma bouche et m'embrassa. Comment savait-il ?
J'avais tant soif et il avait tant de salive. Il me cala dans sa
concavité en me caressant. J'étais comme un enfant abandonné dans
ses bras et je crois bien qu'épuisé, je m'endormis profondément.
Je n'ai peut-être pas dormi longtemps, il faisait encore nuit noire.
Lui n'avait pas du sommeiller. Il avait tranquillement calé son sexe
bandé dans mon cul et attendait patiemment mon réveil, mes
mouvements, la succion de mon anus sur son gland. Eveillé mais
encore engourdi je le sentais rigide et plaquais mes fesses sur son
pubis. Longtemps ce ne furent que légers mouvements réciproques et
puis je sentis sa respiration s'accélérer. Il était près de jouir
quand je le fis déculer et pris sa verge épaisse, son gland dilaté
dans ma bouche pour encore me nourrir de son foutre abondant et
épais. Il jouit à longues et généreuses giclées gluantes que ma
langue étalait dans ma bouche pour en garder plus longtemps le goût.
Je
repris ma position dans ses bras et nous nous endormîmes tous deux.
Au
matin le soleil inondait la chambre. A Brest ça ne veut pas dire que
toute la journée sera belle, le temps peut changer dix fois, mais
les jours sans soleil du tout sont rares.... il faut les apprécier
ces moments lumineux. Enfin, c'était une invitation à la promenade.
Il habitait près de la Penfeld et nos corps rassasiés ne
réclamaient rien de plus qu'une courte balade car déjà à l'ouest
l'horizon noircissait.
Nos
corps n'avaient aucun secret l'un pour l'autre et nous n'avions à
priori, aucune raison de taire nos vies.
Perdants
de la vie, séparations, exclusions, boulots de merde mais ils
sentaient là, le vieux et le jeune que quelque chose était advenu
même s'ils n'habitaient pas ensemble à lui, le vieux, la Penfeld, à
lui, le jeune, le fond de la rade. La conjugalité ? Ils étaient
d'accord, ils n'en voulaient pas, ils ne voulaient pas s'user l'un à
l'autre. Il voulaient que de leurs rencontres sourde la joie et
advienne que pourra...
Marc